I. L’allaitement maternel
L’allaitement maternel constitue un acte physiologique instinctif et répond
aux besoins de l’enfant au cours des premiers mois de la vie .Le lait maternel
est le meilleur aliment naturel pour l’enfant, sa supériorité par rapport au lait
de vache est indéniable .Le lait maternel est le meilleur aliment naturel pour
l’enfant.
A - composition
Elle est unique .Certains différences avec le lait de vache ont été minimisée
par le traitement industriel mais d’autres persistent.
Aucun lait artificiel ne peut l’égaler .Il est caractérisé par la haute valeur
biologique de ses protéines : ne contenant que 15 g/l de protéine, il assure une
croissance égale à celle obtenue avec le lait de vache qui contient 30g /l.
La digestion des graisses est plus facile, favorisé par la présence de lipase.
Certains besoins doivent être complétés, ainsi :
- Sa teneur en vit A dépend de l’alimentation de la mère, mais elle couvre
généralement les besoins.
- La teneur en vit D est insuffisante et dépend des réserves de la maman donc
de son exposition au soleil .une supplémentation en vit D2 est nécessaire sous
forme médicamenteuse ou exposition de l’enfant au soleil
Il contient des anticorps qui protègent contre les infections, particulièrement
les infections intestinales.Chez l’enfant nourri au sein , la morbidité et la
mortalité sont nettement plus faibles que chez l’enfant nourri au lait artificiel
élevé dans les mêmes conditions .
Le lait maternel protège l’enfant contre les maladies grâce aux anticorps
qu’il contient.
C - Les effets psychologiques :
L’allaitement maternel est favorable aux relations affectives entre la mère et
l’enfant .Il suppose la présence de la mère à chaque repas et sa disponibilité.
C’est l’occasion de contacts physiques, sensoriels et verbaux qui sont
stimulants et satisfaisants pour la mère et l’enfant.
L’allaitement maternel permet le développement de relation d’amour et de
tendresse entre la maman et son nourrisson.
D - La montée laiteuse :
L’allaitement maternel doit être démarré le plus tôt possible dans les 6
premières heures.
Le rôle du personnel des maternités et des S M I, est très important pour la
motivation des mères avant l’accouchement, il faut savoir que la montée
laiteuse peut être retardée de 5 à 8 jours.
Une mise au sein précoce favorise la montée laiteuse et permet à l’enfant de
bénéficier du colostrum.
Il ne faut donner ni biberon de lait, ni biberon d’eau sucrée, c’est la succion
du mamelon qui stimule la sécrétion lactée.
E - Conduite de l’allaitement maternel
Il doit se faire à la demande .Il n’y a aucune raison d’instituer un horaire des
tétées .Il est nécessaire de donner alternativement les deux seins.
Une bonne hygiène générale est indispensable .Il faut éviter la macération
en s’assurant que les seins restent secs entre deux tétées.
Assurer une bonne position du nourrisson, une bonne prise du sein et une
succion correcte.
Quelques difficultés peuvent survenir : elles sont le plus souvent liées à
l’engorgement mammaire et à la mauvaise vidange des seins.
La succion répétée et l’évacuation totale du lait (éventuellement manuelle)
entretiennent et stimulent la sécrétion lactée d’où l’intérêt de mettre l’enfant au
sein de façon fréquente :
F - durée optimum de l’allaitement :
L’allaitement maternel doit être poursuivi aussi longtemps que possible
selon le désir de la mère.
Certaines mères allaitent durant 2 ans et même plus.
Il serait souhaitable de prolonger l’allaitement maternel au-delà d’une année
en assurant une alimentation diversifiée et complémentaire à partir du 6eme
mois, les aliments doivent s’ajouter au lait maternel et non le remplacer.
G - L’alimentation et l’hygiène de vie de la mère qui allaite
* L’alimentation
La ration alimentaire d’une nourrice doit être enrichie car elle doit répondre
à ses besoins et assurer la croissance du nourrisson par la production du lait.
Sa ration calorique doit être augmentée. Ses besoins en protéine, en
calcium, en phosphore et en vitamines sont supérieurs à ceux d’une femme
non allaitante.
Pour les très jeunes femmes qui allaitent càd moins de 18 ans il leur faudra
des rations encore plus fortes c’est ainsi pour les nourrices qui sont très
actives.
Lorsque la mère ne reçoit pas un apport alimentaire convenable, elle prélève
sur son propre organisme pour assurer la lactation.
- La ration alimentaire quotidienne doit comporter ½ à 1L de lait /j, des
protéines de préférence d’origine animal (viande, poisson, poulet, œuf,) et
également d’origine végétale à base de légumes secs (lentille, haricot sec, pois
chiche)
- Les préparations apportant une quantité importante d’énergie doivent être
privilégiées : ex riz au lait...
- Doit prendre au moins 3 fruits.
* L’hygiène de vie
Se traduit par un certain nombre de précautions :
- Régime équilibré, riche en calcium
- Eviter les aliments qui modifient le goût du lait (ail, oignon, chaux), de l’abus
des boissons excitantes et gazeuses.
- Eviter l’usage du tabac, l’alcool
- Eviter les médicaments toxiques pour l’enfant passant dans le lait
(analgésique, tétracycline)
- Observer les règles d’hygiène générale (pas de surmenage, pas de stress)
- Soins locaux indispensables (laver à l’eau bouillée les bouts des seins)
- La nourrice devra se ménager quelques heures de repos quotidien (1 à 2h)
H - les obstacles à la poursuite de l’allaitement maternel :
* Mamelons plats :
Certaines femmes ont des mamelons plats et courts.
C’est surtout le cas des primipares. Si le mamelon est protractile, il faudra
montrer à la mère comment l’étirer ou lui conseiller d’utiliser des bouts qui se
vendent en pharmacie pendant la grossesse.
* L’engorgement mammaire
- Crevasse :
Une bonne conduite de L’A.M permet d’éviter ces problèmes.
Il faudra donc conseiller :
- Un démarrage précoce de l’allaitement maternel
- Une bonne hygiène des seins, bien assécher les seins après la tétée, les masser avec une goutte de lait avant la tétée.
- S’assurer que le nouveau-né est en bonne position de tétée, et que la prise du sein est correcte.
- Allaiter à la demande et fréquemment.
- Alterner les deux seins pendant une seule tétée.
→ En cas d’engorgement : vider les seins par pression manuelle ou
augmentation de la fréquence des tétées
→ En cas de crevasses : utiliser une pommade cicatrisante, sans arrêter L’AM.
* L’abcès du sein :
L’engorgement mammaire incorrectement pris en charge peut entraîner un
abcès du sein .Il est nécessaire d’avoir recours à des soins médicaux
(antibiotique et anti-inflammatoire) et continuer à allaiter l’enfant en lui
donnant l’autre sein.
* Difficultés de succion :
Plusieurs cas peuvent se présenter :
- La mère a des mamelons courts et plats
- Les seins sont engorgés
- La prématurité, le faible poids à la naissance peuvent engendrer quelques difficultés de succion mais elles peuvent être surmontées grâce à l’appui et au soutien apportés à la mère.
* Enfant hospitalisés :
Dans ce cas .il faut l’hospitalisation de la mère pour que le bébé continue à
téter.
En ce cas d’impossibilité d’hospitalisation de la mère, lui faciliter l’accès à
son enfant afin qu’elle l’allaite le plus fréquemment possible.
* Maladies de la mère :
Des états pathologiques réels (tels que les infections endométriales,
urinaires avec syndrome infectieux et fébriles) comportent un risque de
bactériémie et de passage de germes dans le lait .dans ce cas le personnel a un
rôle primordial à jouer pour traiter la mère et surseoir temporairement à
l’A M en dispensant des conseils pour maintenir la sécrétion lactée en vidant
les seins.
* L’insuffisance lactée En cas d’insuffisance lactée :
- Rassurer la mère
- Lui apporter un soutien psychologique
- Lui suggérer de faire téter plus fréquemment l’enfant pour augmenter la sécrétion lactée.
- Lui conseiller une alimentation suffisante et équilibrée
- Lui conseiller de prendre quelques heures de repos tous les jours (1à2h)
Les signes fiables indiquant que l’enfant n’obtient pas assez de lait :
- Faible prise de poids : moins de 500g par mois (poids de naissance non repris à deux semaines).
- Emission faible d’urine : moins de 6fois par jours (7à 9 fois étant un chiffre moyen),urine jaune et de forte odeur.
II - Promotion de l’allaitement maternel :
* Au niveau de la consultation prénatale :
Toute femme doit être sensibilisée à la pratique de L’A.M et doit être
préparée psychologiquement de façon progressive.
On lui expliquera tous les avantages qu’elle aura à allaiter son enfant et on
lui donnera les conseils nécessaires à la préparation des seins à l’allaitement
pendant la grossesse (massage pluriquotidien des bouts des seins) afin de
prévenir les mamelons plats ou ombiliqués et la douleur due à la succion lors
des premiers jours d’allaitement
* Au niveau de la maternité :
Les professionnels de santé doivent être sensibilisés à l’intérêt de L’AM et
doivent assurer un soutien psychologique et physique à la mère .Il faudra donc
veiller à la mise au sein précoce du nouveau-né, faire en sorte que le N.N soit
mis au sein dés les 1iers heures après la naissance et qu’il ne reçoive aucun autre
liquide sauf sur indication médicale.
Il faut rassurer la mère et réduire ses angoisses si elle considère qu’elle n’a
pas assez de lait, lui affirmer que c’est la succion qui entretient la sécrétion
lactée,que l’introduction d’un biberon entrave cette sécrétion et que le N. N a
des besoins très faibles qui seront facilement couverts par le sein et insister sur
les propriétés immunologiques du colostrum.
* Au niveau de la consultation postnatale :
- Proposer une contraception adaptée à la mère allaitante pour ne pas entraver
l’allaitement maternel
- Conseiller à la mère d’allaiter à la demande tout en veillant à ce que le
nourrisson ait un nombre suffisant de tétées afin de maintenir la sécrétion
lactée .
- Veiller à une bonne hygiène générale et locale.
* En S M I :
- Encourager la mère à pratiquer l’allaitement exclusif durant les 6 premiers
mois en surveillant la croissance de l’enfant par des pesés régulières.
- Lutter contre la diversification alimentaire précoce.
- En cas de maladies de la mère, il faut préserver L’A.M soit qu’elle continue
l’A M soit qu’elle interrompe L’A.M provisoirement tout en vidant
manuellement ses seins
- En cas de maladie de l’enfant poursuivre obligatoirement L’A.M
- Apporter à la mère le soutien nécessaire pour surmonter les obstacles réels ou
imaginaires à la pratique de L’A.M
- Valoriser L’A.M à l’occasion de tout contact avec la maman
J - Avantages de l’allaitement maternel :
- Le lait maternel est le meilleur aliment pour l’enfant, il couvre entièrement les
besoins nutritionnels de l’enfant, lui assure une croissance harmonieuse et lui
apporte des anti-corps qui lui confère un rôle de défense contre certaines
infections.
- Il est disponible 24 /24h
- Il passe directement du sein de la mère à la bouche du nourrisson, ce qui évité
la contamination par des germes pathogènes
- Il ne nécessite ni préparation préalable ni stérilisation,
- Il protège la vie de l’enfant : la mortalité infantile est beaucoup plus basse chez les
enfant allaités au sein
- Il est économique
- Il renforce les liens affectifs entre la mère et l’enfant, c’est une occasion des
contacts physiques et sonsoriels qui stimulent le développement psychomoteur
de l’enfant.
- L’allaitement maternel démuni considérablement les risques du cancer du
sein et des ovaires.
- L’allaitement maternel réduit le risque d’hémorragie du post partum et
conduit à l’espacement des naissances.
K - La contraception de la mère qui allaite :
* Effet de l’allaitement maternel
Théoriquement une mère allaitante devrait être protégée durant les 5 à 6
premiers mois d’une nouvelle grossesse par le fait même qu’elle allaite. Ce
pendant pour que l’allaitement soit une méthode contraceptive efficace il y’ a
certaines conditions à remplir :
- Que la maman allaite complètement ou presque complètement son bébé.
- Qu’elle demeure aménorrheique (on ne tient pas compte des pertes de sang
vaginales qui ont lieu pendant les 5-6 jours qui suivent l’accouchement)
- Qu’elle allaite plus de 6 fois /j
- Qu’elle allaite la nuit
Si l’une de ces conditions fait défaut, la mère allaitante doit utiliser une
autre méthode contraceptive .
* Autres méthodes contraceptives :
Pendant les 4 semaines qui suivent l’accouchement il est préférable que le
mari utilise le condom pour laisser l’organisme de la maman évoluer
normalement (il est exceptionnel qu’il y ait ovulation avant la quatrième
semaine donc assez peu de risques de fécondation)
La pilule peut être prescrite après quatre semaines si la sécrétion lactée est
normale. La pilule ne présente aucun danger pour l’enfant mais risque de
diminuer la sécrétion lactée pour cela il faut utiliser les pilules sans œstrogène
qui n’entravent pas la sécrétion lactée.
Une deuxième possibilité consiste à utiliser le condom jusqu’ à la 5 éme
semaine, en attendant que l’utérus ait repris sa taille normale pour placer alors
un dispositif intra, utérin, cette dernière méthode doit être particulièrement
encouragée par le personnel de santé .
La contraception de la mère allaitante doit être envisagée systématiquement
car la survenue d’une nouvelle grossesse est une cause très fréquente d’arrêt
de l’allaitement avec ses conséquences néfastes sur le nourrisson et sur la
mère.
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